Les serviteurs de la démocratie

LES SERVITEURS DE LA DÉMOCRATIE

aima la vérité avec passion et s’exposa, pour la servir, . à la misère et à la prison. Il défendait la cause du peuple avec cette tendresse ardente dont Lamennais, plus tard, a si éloquemment parlé.

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La vie de Diderot est des plus simples. Né à Langres en 1713, il fut élevé par les jésuites. Ses études, brillamment terminées, il eut à choisir une profession. « Je ne veux pas être médecin, écrivait-il à son père, coutelier à Langres, parce que je n'ai aucun goût pour l'homicide. — Je ne veux pas être procureur parce que je n’ai aucun goût pour la chicane. — Je ne veux pas être commerçant parce que Je n'ai aucune aptitude pour les affaires ? — Mais alors que veux-tu devenir? demanda le père inquiet. — Moi? rien! J'aime l'étude, j'étudierai. J'aime la vérité, je tâcherai de la trouver, d’abord pour moi, et je la communiquerai ensuite aux autres, Je ne serai pas quelque chose, mais quelqu'un.»

On devine comment le coutelier de Langres, homme pratique avant tout, accueillit cette profession de foi un peu fantaisiste de son fils! Il le crut perdu. Et, afin de le corriger, il commença par .lui couper les vivres. Diderot, réduit à ses propres forces, vécut pendant dix ans de ce qu’on a depuis appelé la vie de bohème, dinant quelquefois, soupant par hasard, mais t'availlant sans relâche. Sa misère devint si grande qu’un jour, c'était un Mardi-gras, ‘il tomba mourant presque de faim devant la porte d’une fruitière, bonne femme qui le recueillit, lui donna à manger elle sauva. A partir de ce jour, a écrit Diderot, je fis le serment que tant