Les serviteurs de la démocratie

BEAUMARCHAIS 63

pièce pour obtenir qu’elle fût jouée. Elle le fut cependant ef avec quel succès !

La cour elle-même, — le comte de Provence en têle, — vint applaudir le Mariage de Figaro. Le public, de son côté, ne fut pas avare de ses bravos. Là où Ja noblesse ne voyait qu'un amusement, le peuple parisien plus perspicace découvrait le prélude d’une Révolution.

y

Malgré ses triomphes, Beaumarchais, avide de richesses, quitta le théâtre pour revenir à ses spéculations industrielles et financières, Il acheta des armes aux « énsurgeants » d'Amérique; il contribua ainsi, tout en gagnant beaucoup d'argent, à l'émancipation des États-Unis. Mais tout cela ne suffisait point encore -à l’activité de Beaumarchais. Il s’occupa de rassembler tous les manuscrits de Voltaire et toute sa correspondance et publia en 70 volumes une excellente édition des œuvres du philosophe de Ferney. Il prit part ensuite à la création d’une compagnie qui devait devenir célèbre : la Compagnie des eaux de Paris. Cette dernière affaire le jeta dans de nouvelles polémiques violentes et le mit aux prises avec l'adversaire le plus redoutable qu'il eût rencontré jusqu'alors : Mirabeau. Beaumarchais, toujours facétieux, plaisanta sur les écrits de son adversairequ'il appela des mérabelles. L’autre, furieux, riposta par des invectives oratoires. Beaumarchaïis, effrayé par les hurlements de son contradicteur, coupa court à toute polémique. Dans cette lutte du renard contre le lion, Mirabeau eut le dernier mot.

À partir de ce moment, la vie de Beaumarchais ne