Lettres inédites de général G.-H. Dufour (1807-1810)

ne

* ++

Guillaume-Henri Dufour était le fils d'un horloger genevois, Bénédict Dufour, né le 8 février 1762, qui avait quitté sa patrie après les événements de 1782. Venu à Waterford, en Irlande, à la suite de D’Ivernois et des autres démocrates genevois proscrits, il n’y avait point trouvé l'asile espéré et s'était rendu à Constance t. Le 28 février 1784, à Waterford, il avait épousé sa compatriote Pernette Valentin ?, fille de Gnillaume-Henri Valentin, et c’est de cette union que naquit à Constance, le 15 septembre 1787, le futur général suisse. Son parrain fut son grand-père Guillaume-Henri Valentin (1731-?), exilé de Genève par l’édit du 22 février 1770, pour avoir pris part à l'émeute démocratique des « natifs grimauds » du 15 février de la même année *.

Bénédict Dufour avait une sœur, Louise-Pierrette, qui assista à la translation des cendres de Jean-Jacques Rousseau au Panthéon, le 20 vendémiaire an III (11 octobre 1794) : elle y figurait au groupe des Genevois. Un deses compatriotes, Pierre-Philippe Fazy, l'y aperçut, s'en éprit, et malgré l'opposition de sa famille, très conservatrice, il épousa la sœur du démocrate Bénédict Dufour, le 15 mai 1797. C'est de cet oncle, Pierre-Philippe, que Dufour parle comme de son « second père » #.

1. Il rentra à Genève en 1789, après la chute du régime aristocratique de 1782, y assista aux mouvements révolutionnaires, devint directeur du « Comptoir patriotique » d'horlogerie en 1793, et fut désigné, l’année suivante, pour faire partie du premier tribunal révolutionnaire. Il n'y siégea cependant point jusqu'à la fin de son mandat, mais donna sa démission, de même que plusieurs autres membres « modérés » de ce tribunal. Il mourut, le 13 septembre 1837, au château de Montrotier.

2. 18 mars 1760-2 janvier 1829. C'est elle qui, en 1793, lors de la célébration de l'Escalade, chanta au grand club une chanson des « mères sans-culottes » qui fut vivement applaudie (Cf. E.-L. Burner, La Chanson dans les cercles et dans les clubs genevois de la Révolution, dans Nos Centenaires (Genève, 1914), p. 293.)

3. L'ascendance du général Dufour a été étudiée par Ernest Weydmann, archiviste bâlois, mort trop jeune en 1903 (Archives héraldiques suisses, 1902, pp. 119122). M. Eugène Ritter en a corrigé quelques indications relatives à la parenté entre Dufour et Jean-Jacques Rousseau (ébid., 1909, pp. 31, 32). Il l'a également complétée et a découvert au général Dufour un ancêtre vaudois (Cf. Revue historique vaudoise, 1906, p. 285) et une ancêtre savoisienne (Cf. Revue Savoisienne, 1906, pp. 206-297). Contrairement à l'indication de M. Weydmann, Guillaume-Henri Valentin vivait encore en 1787. En outre, la date de la mort de Marie-Elisabeth Delafeuille — date laissée en blanc par cet auteur — ressort de la lettre X publiée ci-dessous : la grand'mère paternelle de Dufour mourut le 10 octobre 1809.

4, Cf. ci-dessous, lettre VIII.