Lettres sur la révolution française : par J. Gorani, citoyen français, à son ami Ch. Pougens

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sentiront que rien sur la terre ne peut va= loir les frais de la vie, si ce n'est peut-être les ineffables jouissances d'une sensibilité profonde.

Ou Dieu ne seroit pas bon , ou l'homme n'est pas né méchant. Jamais les moralistes, les fondateurs de religions , les législateurs , ont-ils cherché à ériger le mal en précepte? Ils ont été souvent absurdes , parce qu'ils ont étéignorans ;et cruels , parce qu'ils étoient absurdes ; mais aucun n’a dit aux hommes , soyez inhumains et pervers. Le mal n’est qu'un désordre de la nature, et le bien est, non-seulement le résultat de l'ordre , mais même le but auquel la nature tend spontanément dans sa marche et dans toutes ses loix.

Ix n'y a guères que la religion ou l'amour de la liberté qui produise l'enthousiasme et le fanatisme populaire, quelquefois aussi la faim et la misère ; mais il est rare que les effets soient alors de longue durée s'ilne s'y mêle point de causes étrahgères,