Louis XVI et la Révolution

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146 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

CHAPITRE V

Les états généraux !.

Avant l'apparition des cahiers, on pouvait plaider les circonstances atténuantes pour les maitres de la France, prétendre qu'ils ignoraient tout. Maintenant, le voile est déchiré, et les yeux du roi doivent être dessillés. Dans une messe du Saint-Esprit, célébrée le 4 mai à l’église Saint-Louis en l'honneur des états généraux, l’évêque de Nancy prononce une harangue solennelle : il énumére toutes les misères du peuple, puis, se tournant vers Louis XVI, il lui adresse cette apostrophe : Et tout cela s'exerce au nom du meilleur des rois! Ce mouvement produit l'effet désiré par l’orateur. Il est applaudi avec enthousiasme, avec fureur même.

Le roi a enfin vu la misérable réalité : il connaît les souffrances de ses sujets. Ces paysans, traqués au nom du roi, dépouillés au nom du roi, aiment leur roi. Ils espèrent qu’il saura les tirer de l’enfer qu’on a établi en son nom. Mais la fureur les prendra vite, quand ils verront, après ce suprème effort, qu'on veut les faire retomber dans cette géhenne d’où ils sont à moitié sortis. Terrifiés, ils deviennent terribles. La Terreur est un cas de légitime défense, une réponse à la longue terreur de l’ancien régime. Mais, bien avant la Terreur de 93, conçue par des théoriciens à Paris, nous trouvons la

1. Mèmes sources, et de plus: Archives parlementaires, publiées par MM. Mavidal et Laurent. — Mémoires de Bailly; Analyse de la Révolution, de Dubois-Crancé ; L'an 1789, par M. Gautier. — Les cahiers de doléances, par Maurice Souriau.