Louis XVI et la Révolution

148 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

Terreur de 89, née d’un instinct populaire, dans la campagne. Le paysan ne se défie pas deses députés, mais il commence de son côté la Révolution à sa guise, d’une façon pratique. En attendant la nuit du A août, il procède, à sa manière, à la suppression des privilèges. L’injurie qui voudra : on peut très bien partager l’avis de l'Anglais Young, qui l'a vu à l'œuvre et ne peut le blàmer. Young, qui n’est pas suspect de parti pris et de rancune contre la monarchie française, puisqu'il admet la du Barry, Young est pour les fermiers contre leurs maîtres, pour la Révolution contre la royauté : « Quel est, ditil, l'homme généreux et sensé qui regrettera la chute d’un gouvernement fondé sur de tels principes? Qui, de bonne foi, peut condamner le peuple pour ses violences en arrachant à la noblesse et au clergé ces privilèges, ces distinctions dont ils se servaient si indignement pour le plonger dans la misère? » Les plaintes du peuple lui paraissent fondées, ses doléances ne lui semblent pas exagérées. Young, lui aussi, est devenu révolutionnaire, à la vue de l’exploitation inhumaine des petits par les grands; il écrit, dès 1787, ce que pensera et fera le peuple à partir de 89 : « Ah! si pour un jour j'étais le législateur de la France, comme je ferais sauter les grands seigneurs! » Même au moment où la vengeance populaire commence à sévir, il ne peut pas plaindre ceux qui récoltent enfin ce qu'ils ont trop longtemps semé. Pour lui, les brigands n’existent pas; il a fait une enquête : ce sont bien les paysans qui pillent et brülent les châteaux. Il ne s’attarde pas à verser quelques pleurs de bon ton, de bonne compagnie, sur ces pauvres gentilshommes; l’anathème biblique contre le mauvais riche sonne dans sa bouche : « Celui dont les festins se donnent au bruit des gémissements ne doit pas se plaindre si, au moment de l'insurrection, ses filles lui sont ravies et ses fils massacrés. Quand il arrive de tels désastres, c’est plutôt à la tyrannie du maître qu’à la cruauté des serviteurs qu'il les faut attribuer. Cela est pour la France de la dernière exacti-