Louis XVI et la Révolution

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rendort en plus d'un endroit dans une apathique indifférence, ses députés arrivent à Versailles, à Paris, et, appuyés par la grande ville qui les soutient, les entraîne ei les échauffe, commencent la lutte contre le despotisme, en attendant qu'ils s’en prennent à la royauté. Chose curieuse, il semble bien que le gouvernement n’ait pas senti le danger qui le menaçait. On le vit bien à la séance solennelle du 5 mai. Gouverneur Morris nous en à laissé un compte rendu très curieux et peu connu : « Je restai dans la salle, dans une position très gênante, de huit heures à midi; pendant ce temps, les différents membres des états sont introduits et placés, chaque bailliage l’un après l’autre. Quand M. Necker entre, il est applaudi bruyamment et à plusieurs reprises, ainsi que le duc d'Orléans : de même pour un évêque qui a vécu longtemps dans son diocèse et fait ce que sa profession lui ordonnait. Un autre évêque, qui a prononcé hier un sermon que je n’ai pas entendu, est applaudi, mais mes voisins disent que ces applaudissements ne sont pas mérités. Un vieillard, qui a refusé de mettre le costume prescrit pour le tiers, et qui se présente avec ses habits de fermier, est accueilli par des bravos prolongés et sonores. M. de Mirabeau est sifflé, mais pas très fort. Le roi arrive à la fin, et monte sur son trône; la reine est sur sa gauche, deux gradins plus bas que lui. Il fait un court discours, très convenable, et bien dit, ou plutôt bien lu. Le ton et les gestes ont toute la fierté qu'on peut attendre, ou souhaiter, du sang des Bourbons. IL est interrompu dans sa lecture par des acclamations si chaudes et d’une affection si vivante, que les larmes jaillissent de mes yeux en dépit de moi-même. La reine pleure, ou fait semblant ; mais on n’entend pas un eri en son honneur. J’élèverais certainement la voix, si j'étais Français; mais je n’ai pas le droit d'exprimer mon sentiment, et je sollicite en vain mes voisins. Quand le roi a fini, il enlève son chapeau, puis il le remet; sa noblesse imite son exemple. Quelques membres du tiers font de même, mais peu à peu ils se découvrent de nou-