Louis XVI et la Révolution

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152 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

cinquante-six millions par an, tout au plus; qu’il n’était besoin que de quelques modifications de taxes pour le faire disparaitre : « Quel pays, messieurs, que celui où, sans impôts, et avec de simples objets inaperçus, on peut faire disparaître un déficit qui a fait tant de bruit en Europe. » Et pendant deux longues heures, l’habile prestidigitateur essayait ses meilleurs tours de passe-passe pour éblouir ses auditeurs ; il en arrivait à soutenir cet ingénieux paradoxe, que ce n’était pas un impérieux besoin d'argent qui forçait le roi à consulter son peuple : « Il est bon de vous le faire observer, afin que vous aimiez encore davantage votre auguste monarque : ce n’est pas à la nécessité absolue d’un secours d’argent que vous devez le précieux avantage d’être rassemblés par Sa Majesté enf états généraux. » C’eût été du reste avouer que lui, le génie financier par excellence, n'avait pas su remédier à un aussi faible déficit, et qu'il avait besoin des idées d'autrui. Il fait en passant, et par concession oratoire, une allusion un peu dédaigneuse aux cahiers dont les députés sont porteurs : « Les cahiers, qui ont été composés dans les diverses parties du royaume, et dont vous êtes dépositaires, comprennent sans doute un grand nombre d'idées utiles, et plusieurs projets d'amélioration susceptibles d’être réalisés. » [Il termine en invitant les états à se mettre au travail; le roi, nouvelle providence, les contemplera du haut de son expérience et de son omnipotence : « Ainsi, lorsque les premières fluctuations inséparables d’une réunion nombreuse seront arrêtées, lorsque l’esprit dominant de cette assemblée sera dégagé des nuages qui pourraient d’abord l’obseurcir; enfin, lorsqu'il en sera temps, Sa Majesté appréciera justement le caractère de vos délibérations; et, s’il est tel qu’elle l'espère, s’il est tel qu'elle a le droit de l’attendre, s’il est tel enfin que la plus saine partie de la nation le souhaite et le demande, le roi secondera vos vœux et vos travaux. » Le discours fini, dit Morris, « le roi se lève pour partir, et est salué par une longue et touchante acclama-