Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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raison? C’est que Marat n'avait pas craint de s'attaquer à l’un des plus puissants, au philosophe Helvétius.

Avant d'aborder le sujet, l’auteur signalait, à grands traits, les noms les plus célèbres « dans les annales du monde », ses devanciers dans cette question si controversée. Hippocrate et Galien tenaient la tête ; puis venaient Aristote, Platon, Socrate et Épicure.

Les modernes étaient représentés par Montaigne, Boerhave, Descartes et la Mettrie. Montesquieu, Haller et Helvétius sy étaient bien risqués, mais avaient-ils vraiment la compétence voulue ? Le dernier surtout, sans connaissances physiques ou anatomiques, n’avait-il pas imaginé de plaider l'inutilité de ces sciences accessoires en faveur de son ignorance ?

Quant à Haller, ne confondait-il pas les facultés de l’âme avec celles du corps?

Le Cat, dont le Traité des Sensations et des Passions était alors entre toutes lés mains, aurait pu avantageusement terminer ce débat « s’il eûtété plus penseur que littérateur, s'il eût moins cherché l’érudition de l'analyseur que le génie du synthétiseur ».'

Il fallait, à la fois, un anatomiste et un philosophe pour traiter le sujet avec quelque autorité, suivre en un mot, l'expérience pour guide, et arriver, par des observations bien prises, à un