Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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démence passagère, tandis qu'on peut mutiler le cerveau sans altérer les fonctions de l’âme. »

Cette question du siège de l'âme est, on le sait, toujours à l'étude :

Avicenne et Averroés plaçaient dans chacun des ventricules du cerveau le sens commun, l'imagination, la mémoire et le jugement.

Willis, Vieussens et bien d'autres suivirent les mêmes errements.

Descartes seul avait eu la singulière idée de fixer le siège de l’âme dans la glande pinéale.

Vers 1848, Dubois (d'Amiens) plaçait les instincts — chezles animaux — dans la #oelle allongée et la moelle épinière. Foville, lui, établit le siège de la pensée dans la substance corticale du cerveau. |

Depuis, malgré les beaux travaux de Flourens, Magendie, Longet, elc., les utopies de Gall et Spurzheim, le problème est loin d’être résolu. Pour s'assurer du rôle que joue le fluide nerveux dans le phénomène de l'impression, Marat faisait des ligatures de nerfs, et constatait que l’insensibilité était complète au-dessous de la ligature ; d'où il concluait assez légèrement que l'impression n’arrivait point à l'âme parce que le cours du fluide nerveux était interrompu.

Il était plus prudent quand il se refusait à expliquer comment un élément matériel peut agir sur une substance spirituelle. Cet humble

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