Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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nication entre les deux substances, le corps et l'âme. C’est avoir fait, en effet, une grande découverte que d’avoir vu de ses yeux cette substance qui lie la matière et l'esprit. Ce suc est apparemment quelque chose qui tient des deux autres, puisqu'il leur sert de passage ; comme les zoophytes, à ce qu'on prétend, sont le passage du règne végétal au règne animal. »

Et comme Marat avançait que l’âme résidait dans les méninges : «Il vaut mieux avouer, répliqua Voltaire avec vivacité, qu’on n’a pas vu encore son logis que d'assurer qu'elle est logée sous cette tapisserie. Car enfin, comme les nerfs n'aboutissent pas à ces méninges, si elle résidait dans chacun de ces nerfs, elle y seraït étendue, et vous n'y trouveriez pas votre compte. Laissez faire à Dieu, croyez-moi ; lui seul a préparé son hôtellerie, et il ne vous a pas fait son maréchal-de-logis…. » F - Etla critique continue sur ce ton de badinage railleur que M. de Voltaire affectionnait :

« Vous avez beau dire que la pensée fait vivre l'homme dans le passé, le présent et l’avenir, l'élève au-dessus des objets sensibles, le transporte dans les champs immenses de l'imagination, étend, pour ainsi dire, à ses yeux les bornes de l'univers, lui découvre de nouveaux mondes, et le fait jouir du néant même... Nous vous félicitons de jouir du néant; c’est un grand empire.