Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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sévère. Je ne m'en défends pas. C'eût été manquer de zèle pour l'humanité que de réfuter mollement un système qui, à la faveur des éloges peu réfléchis qu’on luia prodigués, pouvait devenir dangereux. »

Il proclamait ainsi, sans artifice de langage,

qu'on avait jugé, avec une indulgence par trop bienveillante, un concurrent plus recommandable par ses relations que par ses titres scienti-fiques. En donnant le prix au Mémoire de Marat, l’Académie avait jugé avec équité. L'abbé Bertholon était un de ses membres, déjà couronné par plusieurs Sociétés savantes, alors que le lauréat n'avait que la seule recommandation de son mérite.

L'ouverture du billet cacheté, qui renfermait le manuscrit, n'avait laissé voir que la répétition de l’'épigraphe, mentionnée plus haut, avec la lettre initiale M... et la date de Paris, le... 1783 (1).

L'auteur avait désiré garder l’anonyme, pour ne pas imposer son choix aux suffrages du corps savant. Cet excès de précaution fit retarder la distribution de la médaille d’or qui devait récompenser les efforts de Marat. Celui-ci mit quelque coquetterie à intriguer ses juges, qui,

(1) Chévremont, Esprit politique de Marat, t. II, 445.