Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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de la fuite à Varennes. Quant à l'intermédiaire 1 :0 qui portait ces lettres de la Reine à Barnave et en rapportait les réponses, il n’a pas été possible de l'identifier. Son nom et ses qualités sont et demeurent soigneusement cachés sous ce chiffre de 1:0 par lequel il est constamment désigné *.

Également importantes, ces deux correspondances nous intéressent à des points de vue différents.

L'une, correspondance d'amoureux, établit clairement la nature des relations du comte Fersen avec Marie-Antoinette. Elle prouve que le prince de Ligne n'avait pas tout à fait raison de dire qu’on adorait la reine de France sans songer à l’aimer. Fersen a aimé Marie-Antoinette tendrement, il en a été aimé de la même façon, mais jamais il n’a songé à la faire descendre du haut piédestal où son amour chevaleresque l'avait placée, portant au front une auréole.

L'autre, correspondance politique, traitant de la monarchie constitutionnelle, de l’attitude des émigrés, de l'invasion étrangère, de questions touchant le repos et le bonheur de la France, nous révèle en Marie-Antoinette une politique au jugement sûr et avisé, à l’esprit souple, qui sait dominer ses sentiments dans l'intérêt du bien public et se plier aux

4. Il est plus que probable que cet intermédiaire était l'abbé Louis — le futur baron Louis — qui était en rapport étroit avec les chefs conslitutionnels, mais rien dans cette correspondance ne nous l'indique.