Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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française, n'avaient agi autrement qu'en bons patriotes dans les conseils qu'ils donnaient à la Reine, comme elle en les suivant. Cependant Brissot demande la mise en accusation de Lessart ; la Reine est rendue responsable de l'avoir fait nommer, et des menaces sont ouvertement proférées contre elle dans les sections et à la tribune. Madame de Lamballe en prend peur et elle écrit à Fersen pour lavertir que « l’on veut dénoncer la Reine dans l'affaire de Lessart et laséparer du Roi pour la mettre dans un couvent ».

Fersen développe alors une activité fébrile pour hâter l'intervention européenne.

Mais deux morts inattendues surviennent qui paralysent son action. Léopold IL est mort à Vienne le 9 mars. Gustave III est frappé d’une balle de conspirateurs au bal de l'Opéra à Stockholm le 16 mars et meurt le 30 des suites de cette blessure.

Du premier événement Fersen dit, en écrivant à la Reine : « Cette triste nouvelle fait ici plaisir aux uns et de la peine à d’autres par le retard que cet événement apportera dans les affaires. » Dans son journal il note à cette mème date : « Je n’hésite pas à regarder la mort de Léopold comme un événement plutôt heureux pour le roi de France. » Il croit que le nouvel empereur François II sera plus expéditif en même temps que plus disposé à agir dans les vrais intérêts des souverains en France et avec moins d’arrièrepensées quant au profit à en tirer.