Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

50 MARIE-ANTOINETTE

ma mémoire, qui a fourni à l'infâme calomnie tant de prétextes, maïs qui, en gravant dans mon imagination ce mémorable exemple de l’infortune, m'a sans doute servi à supporter plus facilement les miennes! » Quant à Marie-Antoinette elle nous dira tout à l'heure l'impression qu’elle emportait de ses conversations avec le jeune orateur de l’Assemblée Constituante.

Ces conversations avaient souvent lieu en tête à tête, lorsque, le soir, après le diner dans les gites où les voyageurs passaient la nuit, la reine et Barnave faisaient les cent pas ensemble.

Rentrée à Paris, le 25 juin, Marie-Antoinette trouva la ville consternée, les Tuileries désertes, l’Assemblée agitée et furieuse. L'opinion publique accusait le Roi et la Reine d’avoir voulu ameuter les puissances étrangères contre la France. Le Roi était traité en prisonnier ; les Jacobins réclamaient sa déchéance et sa mise en jugement.

La Reine, étroitement surveillée, était abandonnée de tous ses amis. Fersen, le fidèle chevalier sans peur et sans reproche, n'était plus là. Il était à Vienne plaidant sa cause auprès de l'Empereur son frère. Et de plus, il venait d’être décrété d'accusation par l'Assemblée ainsi que tous ceux qui avaient aidé à la fuite du Roi, et elle tremblait à la pensée que s’il rentrait en France il serait arrêté et jeté en prison. Des membres de l’Assemblée auprès desquels la Cour avait

1. Biographie Universelle, art. Barnave.