Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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« Ayant bien réfléchi depuis mon retour sur la force, les moyens et l'esprit de celui avec lequel j'avais beaucoup causé, j'ai senti qu’il n’y avait qu'à gagner à établir une sorte de correspondance avec lui, en me réservant cependant, comme première condition, que je dirai toujours franchement ma manière de penser, que je louerai ce que je trouverai bien et blämerai de mème ce que je trouverai mal. Cette condition posée, notre correspondance commence ciaprès. Je noterai [numéroterai] chaque papier ; on me rapporte toujours les miens et l’agent employé écrit les réponses sous la dictée. Ainsi il ne peut y avoir d’inconvénient d'écriture trouvée et reconnue. »

L’intermédiaire ou « agent » est vite trouvé. Elle ne le désigne que par le chiffre 1 : 0, en nous cachant et son nom etses qualités. C'est à lui qu’elle adresse son premier message pour Barnave, dans la lettre qui porte, dans la collection, le n° 1, non datée, mais qui parait être des premiers jours de juillet 1791 :

« Je désire par l'attachement que je vous connais pour ma personne et pour le bien public, que vous cherchiez à voir 2 : 1 ! de ma part et que vous lui disiez que frappée du caractère et de la franchise que je lui ai reconnus dans les deux jours que nous avons passés ensemble, je désire fort pouvoir savoir par lui ce que nous avons à faire dans la position actuelle. Vous lui montrerez l’extrème difficulté qu'il y a pour moi de

1. Barnave.