Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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moyen de me communiquer ses idées ; j'y répondrai avec franchise sur tout ce que je pourrais faire. Rien ne me coûtera quand j'y verrai réellement le bien général. Et surtout, ni vexations, ni poursuites particulières; ce que j’ai toujours eu en horreur, comme je le lui ai dit. Il y a des choses sur lesquelles, par notre position, nous n'avons et n’aurons plus aucune influence. Je le dirai franchement. Je compte entièrement sur le zèle, la force et l'esprit de M. 2:1, non pas pour nous — nos personnes s'entend — mais pour l'État et la chose publique, qui sont tellement identifiés avec la personne du Roi et de son fils, qu'ils ne peuvent faire qu'un. C'est donc à l’homme qui aime le plus le peuple et sa patrie, et à qui je crois le plus de moyens, que je m'adresse pour sauver l’un et l’autre, car, encore une fois, ils ne peuvent être séparés. »

A cette lettre est jointe une note de la main de la Reine. Remarquons à ce propos que Marie-Antoinette comptait communiquer plus tard cette correspondance à Fersen, à qui elle écrivait : « Vous jugerez vous-même ; je conserve tout cela pour vous. » Il est donc probable que ces annotations en marge des lettres sont faites pour mettre Fersen au courant des circonstances. Voici cette note :

€ M.1:0ayant montré ce billet à M. 2 : 1 comme je le lui ai permis, 2:1 l’a lu avec intérêt et à plusieurs reprises, mais quand il s’est agi de répondre,