Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)
PAYS-BAS 7
et, avec quelques verres d'eau-de-vie de plus, je leur fis entendre que je désirais connaître les auteurs de la rixe pour leur en payer le lendemain matin autant. Un d’entre eux me répondit aussitôt que, si je voulais aussi lui payer le coup de croc', il me ferait connaître ceux qui avaient commencé les farces; et, d’après ma promesse, il me nomma cinq des principaux auteurs dont il se dit un des premiers, et dont j'inscrivis les noms. Bientôt je donnai ordre de faire rassembler tout ce qui se trouvait dans le village, et nous fûmes prendre position dehors, en attendant le restant du bataillon qui n’était point encore arrivé. La réunion étant opérée, je fis former les faisceaux et défendre de quitter les rangs. Je fis connaître aux capitaines seulement la liste des individus que j'avais découverts, au nombre desquels se trouvait un lieutenant. Je mis en marche le bataillon, et, à notre arrivée à peu de distance de Tournai, je trouvai la colonne en bataille sur deux lignes, et les canons en batterie. Quatre hussards vinrent nous reconnaitre, le pistolet en joue, nous criant de ne point avancer. J’arrètai sur-le-champ le bataillon devant lequel passa le général de division avec son état-major. Appelé par lui, je lui fis remettre les coupables qui furent conduits au centre de toutes les troupes, en présence desquelles ils eurent les cheveux et les sourcils rasés, et furent dégradés, et ensuite conduits par la gendarmerie dans les prisons. Le général fit former le bataillon en colonne, et nous harangua d’une manière imposante, en nous rappelant à nos devoirs, surtout les officiers. Il me complimenta particulièrement sur la fermeté que j'avais déployée, ce qui ne contribua pas peu à me