Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

£ 440] dé leur goût, &z fi ce goût était celui de la mejorités 9

Ce fut pendant le féjour que je fis à Chama béry depuis 1789, que je compofai deux ouvrages politiques , qui ne furent cependant im primés qu'après que je me fus fixé en France, I! fallait, pour les publier, que jem’expatriafle de la Savoie, .&c je le fs. .

L'amour de la liberté , le befoin de dévoiler

les abus du gouvernement qui afiligeait ma patrie, me firent braver l'incertitude de l'avenir, Je facrifiai les perfpeétives de mon état de mé: decin, qui m'avait coûté beaucoup d’études, & pour lequel ma famille avait fait bien des dépenfes pécuniaires, Je ne fus arrêté, ni par les douceurs, ni par l'intérêt de cœur, ni par les reflources que je trouvais dans ma famille ; je m'expofais même aux dangers du befoin en fuyant mon pays: mais je voulais vivre, écrire & penfer en homme libre, : Je ne pouvais pourtant pas me diflimulet les entraves terribles & multipliées qu’on jeterait dans la marche de la révolution françaife. Cham béry étant devenu le refuge de plufieurs émigrés puiflans , on était bien à portée d'y voir tous les moyens que le royalifme & l’ariftocratie fe pro< pofaient d'employer pour redonner des fers à la France. Ce qu'il y avait de plus inquiétant pour Vobfervateur ami de la liberté, c’eft que dans Pétranger on avait évidemment la preuve qu’en partant, les émigrés laiffaient dans l’intérieur de la France, de chauds amis & d’adroits corref pondans,