Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.

Ê 46 I J'étais de la fociété des Cordeliers, on ne man: qua pas dans la fuite de m’accufer d’une ion des bonnets rouges, & d'en placer le fiege dans la fociété des droits de l’homme.

Quelques jours avant le 10 août, parlant à la tribune des mouvemens néceflaires que Fon voyait fe préparer dans Paris, il m’arriva de Jancer aux Jacobins quelques idées républicaines. Ma qualité de cordelier, fuite de l’idée qu’on avait de moi fur le bonnet rouge, donna occafion à un membre de m’interrompre dans mon difcours , & de dire à la fociété qu’elle fe laiffait influencer par des Cordeliers qui prêchaient infolemment la démocratie, Ce membre parlait ainfi à ce moment, parce qu’il n’était pas für de la réuffite du 10 août : mais ce vil y eut de plaifant enfuite, c’eft qu’il fe glorifait d’avoir été l’un des héros de cette célebre Journée, & que, pour s’accommoder aux circonftances, il a fini par être un des plus exafbérés démocrates. . . Je le répete, jai vu des hommes purs aux Jacobins ; mais j’y ai vu auffi bien des êtres platement inconféquens. Ces trois anecdotes le prouvant plus que le refte, je reviens au récit de mes aventures.

$: 30. Depuis mon entrée aux Jacobins de Paris, je m'étais lié avec Carra, l’un des auteurs des Annales patrioriques. Cet écrivain connaiffant mon goût pour la littérature, & fachant que je n'étais pas très occupé chez le député (*)

(*) Le député Aubert du Bayet avait peu befoin de fectetaire ; car j'ai connu peu d'hommes qui travaillent autant que lui, & qui aient le travail aufi facile,