Mémoires sur la Révolution française
68 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT
qu'on fut obligé de me déshabiller et de me mettreau lit presque sans connaissance. Mes pieds étaient couverts de sang, je n'avais plus ni bas ni semelles à mes souliers : ils étaient de soie blanche très-mince et la route était pleine de pierres.
Je restai à Meudon aussi calme et aussi retirée que je pus jusqu’à cet horrible 2 septembre; le matin de ce jour, un garçon, qui avait l'air d'un mendiant, me remit, une lettre de la part d’une de mes amies qui m'engageait à prendre un passe-port pour moi et pour un valet et à venir seule à Paris, parce que je pourrais ainsi être fort ulile à un malheureux, ajoutant que, si je voulais rendre ce service, je devais arriver sans retard. Je n’hésitai pas et j'allai chez le maire de Meudon, qui me donna un passe-port pour moi et un valet, à la condition de revenir avant minuit. Je pris alors un cabriolet qui pouvait tenir deux personnes, le cocher étantau dehors, et je partis seule. En arrivant
à la barrière de Vaugirard, section de la Croix-Rouge,