Mémoires sur la Révolution française

ÉVASION DU MARQUIS DE CHAMPGENETZ 73 il eut gagné la rue de l'Echelle, il ne put aller plus loin : une pauvre femme qui était à la porte de sa boutique l’engagea à entrer, le prenant pour un soldat fatigué. Il lui dit alors qu'il était Anglais, que la curiosité l'avait poussé à entrer au château pendant cette journée, que le peuple l'avait fort maltraité et qu'un garde national lui avait prêté son habit; il lui assura qu'il n'avait pas mangé de tout le jour et la pria de lui donner une croûte de pain et une goulte d’eau-de-vie. Comme il parlait en mauvais français, avec l'accent anglais, elle le crut, mais elle lui dit qu'il ne pouvait rester là; qu'elle attendait à tout moment son mari qui était Jacobin et détestait ‘les gentilshommes ; elle ajouta qu'à la finesse de son linge, elle était sûre qu’il était noble; que son mari avait été très-occupé toute la journée à tuer les Suisses et les amis du roi, êt qu'elle tremblait de le voir revenir, parce qu'il haïssait aussi les Anglais. La

femme n'avait pas eu le temps de prendre du pan,

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