Mémoires sur la Révolution française

INCIDENTS DE L'ÉVASION | 83 donc foudroyée d’étonnement, quand je vis qu'ils refusaient de me laisser passer, quoique je leur jurasse que je n'avais pas de domicile à Paris et que je ne saurais où aller. Je les suppliai, pour l'amour de Dieu, de me laisser retourner chez moi, mais toutes mes instances furent inutiles : leur consigne était telle, qu'ils me dirent que je ne pourrais sorlir par aucune barrière, et ils me conseillèrent de m'en aller et de me chercher un lit, sans quoi je serais sûre d’être arrêtée dès qu’il serait dix heures, parce qu’à ce moment on commençait les visites domiciliaires et qu’on ne permettait plus aux voitures de stationner dans les rues.

On peut aisément se figurer l'horreur de ma position et de celle de Champcenelz: il était presque mort d'inquiétude, mes genoux s’entre-choquaient de peur et la chaleur de la nuit ajoutait à ma détresse. J’ordonnai à mon cocher de retourner, et il me demanda où il devait aller, Je ne savais que dire, je craignais

d'éveiller les soupçons des gardes, qui n'étaient pas G 8 P