Mémoires sur la Révolution française

92 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

Ma femme dechambre revintalors. Elle avait vu son fils. C'était une excellente femme, aussi fidèle que possible, mais comme elle n’était pas là au moment où nous avions caché Champcenetz, je pensai qu'il valait mieux ne lui en rien dire jusqu’à ce que la visite domiciliaire fût passée. J'avais près de mon lit une tasse de vin chaud; ma femme de chambre et ma cuisinière ayant quitté un moment l'appartement pour voir ce qui se passait, je pus en donnerune cuillerée à Champcenetz ; j'étais mortellement effrayée, car l’entendant respirer péniblement, je le croyais mourant, et je m'attendais à toute minute à ce que ma cuisinière le surprit. Je tremblais si fort que je pouvais à peine rester dans mon lit, et il me semblait que le malheureux, cause de ma misère, était étendu mort près de moi, car, par moments, je ne l’entendais plus respirer.

A quatre heures moins un quart, ma cuisinière se précipita dans ma chambre, en me disant que la

troupe était dans la cour et que les officiers munici-