Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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deux passables physiciens, et cependant ils ne sont pas athées ! Est-ce qu’il n’y a pas là quelque difficulté que l’auteur du nouveau supplément aurait bien dû essayer de résoudre. Il tient du reste à établir ses bons rapports avec l'Église : « Le pape, rapporte-t-il, me disaiten 4804, qu'un aussi grand astronome que moi ne pouvait être athée. Je lui répondis que les opinions métaphysiques ne devaient pas empêcher le respect dû à la religion ; qu’elle était nécessaire, quand même elle ne serait qu'un établissement politique; que je la faisais respecter chez moi, que mon curé y venait, qu'il y trouvait des secours pour les pauvres, que j'avais fait faire, cette année, la première communion à mes petits parents, que j'avais fait de grands éloges des jésuites, que j'avais rendu le pain bénit à ma paroisse, etje lui parlai d'autre chose. Il me fit l'honneur de me charger de faire faire des instruments pour l'observatoire de Rome. »
Ainsi, conclut Delalande, en terminant sa préface, le philosophe ne se déclare pas contre la religion de son pays; mais il persiste dans le résultat de ses méditations sur Dieu, et ce résultat, le voici :
On ne le comprend pas ,
On ne le voit pas;
Il n'y en a pas de preuve directe , On explique tout sans lui.
Dans le peu d'articles de ce second supplément, auxquels je m'’arrêterai, je choisirai particulièrement celui de Georges Bayle, auteur anglais d’un Lucrèce moderne. Delalande raconte sans aucune réflexion, que cet auteur étant, en 1789, à Mayence, prit pour terminer sa vie, qui