Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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Mais en outre, en se livrant à une semblable conjecture, on n'a pas pris un soin cependant essentiel; on n'a pas regardé à l'esprit et au fond même de l'ouvrage. Certes la doctrine n'en est rien moins que favorable au christianisme, eten ce sens, il pourrait appartenir à Naigeon. Mais il y reste, malgré tout, une profession de déisme, qu'il n’eût jamais avouée et publiée comme sienne, qu'il pouvait bien tolérer dans une autre, à cause de certains accessoires qui la faisaient passer à ses yeux, mais qu'il ne se fûtpas appropriée, parce qu'elle n’était nullement sa foi; c'eût été du moins de sa part une inconséquence et une faiblesse, que rien n’expliquerait. Dans cet examen critique, l'auteur veut montrer sous ce titre, qui est celui de l’un de ses chapitres : Les hommes sont-ils plus éclairés qu'ils ne l'étaient avant l'Évangile? qu'à cette époque il y avait sur Dieu et sur l'âme des lumières égales, sinon supérieures à celles qu'a produites le christianisme, et il dit, page 181 : « Platon et les Platoniciens ont des idées très-saines sur la nature de Dieu ; » page 182 : «Le dogme de la spiritualité de Dieu a été admis par les plus excellents philosophes ; » page 183 : « Platon ne reconnaît proprement qu'un Dieu : il l'appelle le père et l'auteur de toutes choses. Il n’y a qu’un Dieu, dit Aristote, auquel on donne plusieurs noms ; » page 189 : « Le paganisme, sans le secours de la révélation , a eu des idées saines sur la divinité, la spiritualité et l’immortalité de l'âme. »
Jamais évidemment Naïgeon, quels que fussent ses desseins et ses entreprises contre le christianisme, n'aurait eu recours pour le combattre à ce genre d’argument; jamais il ne se fût fait contre lui une arme du spiritualisme et du déisme des païens ; jamais Dieu et l'âme n’eussent été pour