Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
viens , et qu'il n’est point de ravaudeuse, qui ne sache impertubablement ce que c'est qu’un esprit, qu'une âme immatérielle, un ange, et ce qu'on doit penser de la grâce efficace par elle-même. » Certes, ceux qui s'exprimaient ainsi ne savaient pas si bien dire et ne se doutaient pas de la justice que, contre leur gré et dupes en quelque sorte de leur trompeuse ironie, ils rendaient au christianisme , en lui prêtant, par moquerie, la vertu de nourrir de ces saines pensées les plus humbles de ses enfants. 4
En passant de la psychologie à la morale de la Théologie portative, nous changerons de sujet plutôt que de doctrine ; car principes et préceptes, tout se tient et s'accorde, et la règle de vie n’est que la suite et l'application de la théorie de la vie elle-même.
Dès le début, on le reconnaît par quelques articles tels que ceux-ci : (amouwr-propre, disposition fatale par laquelle l’homme corrompu a la folie de s'aimer lui-même, de vouloir se conserver, et de désirer son bien-être. Sans la chute d'Adam, nous aurions eu l'avantage de nous détester nousmêmes, de haïr le plaisir et de ne point songer à notre conservation. » Helvétius n'eût pas mieux dit. « L'abnégation n’est qu'une vertu chrétienne, effet d’une grâce surnaturelle, qui consiste à se haïr soi-même, à détester le plaisir, à craindre, comme la peste, tout ce qui est agréable, ce qui devient très-facile, pour peu qu'on ait une dose de grâce suffisante pour entrer en démence. » … « L'abstinence se compose de pratiques très-saintes, ordonnées par l'Église, et consiste à se priver des bienfaits de la providence, qui n’a créé les bonnes choses que pour que ses chères créatures n’en fissent aucun usage; l'on voit qu'en ordon-