Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
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sottises que les hommes feront, sans vouloir ni pouvoir les en empêcher; » ou s'il essaie une certaine action sur eux et qu'il les tente ( voir l’article tentation), & c'est pour avoir le plaisir de les punir, quand ils sont assez bêtes pour donner dans le panneau ; cependant pour l'ordinaire, il les fait tenter par le diable, qui n’a d'autre fonction sur la terre, que de faire la nique à Dieu et de lui débaucher ses serviteurs. On voit, par cette conduite mystérieuse , que la divinité, dans ses décrets impénétrables, se divertit à se jouer de mauvais tours à elle-même. » Ainsi accommodée, au point de vue de la vie présente , la providence l'est pour le moins tout aussi bien par la théologie portative à celui de la vie future. Elle enseigne en effet d'abord , à cet égard, que « l'immortalité est une qualité propre à notre âme, qui, comme on sait, est un esprit; or un esprit est une substance que nous ne connaissons pas; donc il est démontré qu’elle ne peut se détruire comme les subtances que nous connaissons. Il est essentiel pour l'Eglise que notre âme soit immortelle; sans cela nous pourrions bien n'avoir pas besoin des ministres de l'Eglise , ce qui forcerait le clergé de faire banqueroute. » Ceci est déjà assez précis, pour ne pas prendre unautre mot, mais voici qui pourrait l'être peutêtreencore un peu plus : «Si l'âme estimmortelle, il y a un autre monde, un avenir (voir cet article); or, cet avenir est un pays connu des géographes spirituels, où Dieu paiera sans faute, à leur échéance, toutes les lettres de change que ses facteurs ou courtiers auront tirées sur lui. On n’a point appris jusqu'ici qu'il ait laissé protester les lettres de ses gens d’affaires ; elles sont comme on sait, toujours payables à vue. » d