Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
ED —
dois croire un témoignage digne de foi, après s'être égaré sur nos quais, et y avoir été acheté quarante sous, l’a été ensuite au prix de #0 francs pour une riche bibliothèque d'amateur.
On comprend donc comment Naigeon , presque exclusivement renfermé dans le cercle de d'Holbach et la familiarité quotidienne de Diderot , tout à ses livres , à ses travaux et à ses principes , dut ne pas s'engager dans aucun lien trop intime, et se condamner à une sorte de solitude , dans le monde , qui avait quelque chose de celle du cloître ; à ne pas croire en Dieu , il ya de quoi vivre seul , tout aussi bien qu'à y croire : seulement alors ce n’est pas de foi , d’espérance et d'amour que se nourrit l'âme du solitaire, c'est d'amère tristesse et de résignation sans soutien comme sans objet. 7
On comprend aussi comment Naigeon, par sa position même, plus indépendant et plus libre, participant d’ailleurs à l'entraînement général des esprits, vit venir sans trouble, etmême plütot avec toutes les illusions décevantes et toutes les brillantes perspectives de son temps, le grand événement qui s'annoncait et dont, en particulier pour sa doctrine, il attendait les plus heureux succès.
Aussi le voyons-nous, dès que l'assemblée constituante est en fonction, en 4790, lui adresser une pièce, qui témoigne de ses vœux et de ses espérances auprès d'elle. L'abbé Morellet parlant, dans ses mémoires, de cette pièce contre laquelle il avait cru devoir publier un écrit intitulé le preservatif, dit : « Cette adresse est d'un homme de lettres, devenu mon confrère à l'Institut et que, par cette raison, je ne nommerai pas. J'avais eu avec lui, dans la société du