Mémoires sur Naigeon et accessoirement sur Sylvain Maréchal et Dalalande : lu à l'Académie des sciences morales et politiques
gardez votre Dieu, je puis m'en passer. » Que si les docteurs réclament, et disent : « À Ja bonne heure ; mais respectez-le du moins. » — Il répond : « Mais votre Dieu tout-puissant, après vous avoir tenus pendant douze siècles sous le despotisme royal, a-t-il su vous défendre de l'anarchie ? Si votre Dieu se mêle de vos affaires, pourquoi vont-elles si mal? Pourquoi avez-vous des autels et point de mœurs ? Pourquoi tant de prêtres et si peu d'honnèêtes gens....... Gardez votre Dieu, mais ne trouvez pas mauvais que les athées ne multiplient pas les êtres sans nécessité. » — C'est toujours, comme on le voit, l'idée d'une machine de trop, ainsi qu'il vient de le dire, d'un hors-d'œuvre, d'un double emploi, ainsi que l'a dit avant lui Naigeon.
Mais revenons à l’athée, qu'il s'agit d'achever de peindre, et avec l’auteur, comparons dans cette vue le caractère et les habitudes de vie de l’homme sans Dieu, autre nom qu'il donne à l’athée et de l’homme de Dieu , selon qu'il appelle le croyant: « Ce dernier enfant débile, dit-il, n'ose mettre un pied devant l'autre....................se.s-sseee .... S'il perd sa femme ou ses enfants, il en remercie SOn divin créateur ; car rien n'arrive sans son ordre, et c'est toujours pour le mieux. Au lit de mort, semblable à un criminel, iltremble à l'approche du juge suprême: l'idée d’un Dieu rémunérateur et vengeur l'empêche de se livrer aux dernières effasions de la nature. Il écarte prudemment sa famille, ses amis, pour se disposer à comparaître devant le tribunal céleste. » Ainsi parle l’auteur ; et nous, à notre tour, n'aurons-nous rien à dire ? n'aurons-nous pas à relever en luicet étrange défaut de sens des choses de l’ordre moral, cette perverse ignorance des-plus profondes et des plus saintes dispo-