Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux

46 LE MAGASIN THÉATRAL.

D’AUTRES, Si le roi n’ayait pas proposé des Lois. ,

LAFEUILLADE, Le roi va passer, messieurs ; silence, quelles que soient les opinions !.. Rovyalistes, n'oubliez pas qu'il est Le fils de saint Louis... Libéraux, souvenez-vous que c’est à lui que vous devez la Charte. Respect au malheur et aux cheveux blancs!

(Louis XVIIE passe : profond silence. Les courtisans Le suivent et parlent en sortant.)

PREMIER COURTISAN. Vas-tu à Gand? DEUXIÈME COURTISAN. Non.

TROISIÈME COURTISAN, Et monsieur le comte!

QUATRIÈME COURTISAN. J’accompagne Sa majesté.

RÉGNIER. Et moi je reste ici. On a dû parler à l’empereur.

LABREDÈCHE , #rant de sa poche une cocarde tricolore Arborons les couleurs nationales !... maintenant l’autre peut venir.

UN DE CEUX QUI SONT RESTÉS, Oh ! monsieur, où vous êtes-vous procuré cette cocarde? Si je pouvais en avoir une !.….

UN SECOND COURTISAN. Et moi ! UN TROISIÈME. Et moi aussi !

UN QUATRIÈME. On ne nous en vendrait pas peut-être ?.… ’

LABREDÈCHE. J'en ai, messieurs! jen ai pour nous tous ! ILy a long-tems que je conspire! J'avais des correspondances avec

‘ile d’Elbe, Il y a trois mois que je sais que notre grand empereur va revenir. Quel homme !

UN AUTRE. Et on l’appelait un tyran!

LABREDÈCES. Un tyran, lui!..…. Lui si bon, qui m'avait donné une pension parce que mes deux frères avaient été gelés en Russie. ( 4 part: ) Ce n’est plus le moment de parler de mon père... Ah? messieurs, qu'est-ce qu'on entend?

PLUSIEURS PERSONNES, entrant. L’empereur vient d'entrer à Paris.

LABREDÈCHE , à un hurssier. Mon ami, voilà cinq francs ; courez chez moi, rue de la Harpe, au cinquième ; faites mettre quatre lampions sur ma croisée... Un jour de fète, morbleu!.. Vive l’empereur !

CRIS DANS LE LOINTAIN. Ah! ah! le voilà. le voilà.

LABREDÈCHE. Entendez-vous, monsieur ? le voilà le conquérant du monde! il s’approche ; nous allons le voir face à face.

UN AUTRE, Quel bonheur ! CRIS PLUS RAPPROCHÉS. Vive l’empe-

_reur ! Vive l’empereur !

(Des officiers généraux entrent. )

LABREDÈCHE. Soyez les bienvenus, messieurs ; nous vous attendons, nous attendons l’empereur.

UN OFFICIER. Îl noussuit, messieurs.

BRUIT DE VOIx. Le voilà! Vive l’empereur ! Sire…. non ! nous vous porterons. C’est dans nos bras que Votre Majesté doit rentrer dans son palais.

NAPOLÉON , entrant. Oui, mes enfans, oui, je vous remercie. Oui, je suis votre père, votre empereur... Votre joie me va au cœur. Mes amis, vous savez : quand l’empereur revient aux Tuileries, on remet le drapeau, *

DES voix. Un drapeau! un drapeau!

LABREDÈCHE. Quel trait de lumière! Un drapeau! moi, j'en ai un drapeau... que j'ai apporté au milieu de mille dangers! un drapeau que je conservais caché depuis huit mois, pour cette mémorable journée! Le voilà, sire. Je suis heureux d’être le premier à offrir à votre majesté cette preuye de dévouement à son auguste personne.

PLUSIEURS VOix. Arborons-le ! Arborrons-le !

NAPOLÉON, & Labredèche. Je vous ai déjà vu.

LABREDÈCHE. Sire, votre majesté m'avait accordé une pension de douze cents francs.

DES COURTISANS. Votre majesté veutelle recevoir nos félicitations !

Tous. Sire.. Votre majesté.

NAPOLÉON. Oui, messieurs ; mais n’oublions pas que c’est une révolution de soldats etde sous-lieutenans ; d’autres en profiteront peut-être , mais c’est le peuple qui

a tout fait, c’est à lui que jedois tout. L'auissrer. Sire, les envoyés de Îa chambre des députés sont là...

NAPOLÉON. Faites entrer.

UN AUTRE nuissier. Les envoyés de la chambre des pairs! - i

NAPOLÉON. Messieurs les envoyés de la chambre des députés! la chambre s’est rendue indigne de la confiance de la nation en faisant payer au peuple.les dettes contractées à l’étranger pour répandre le sang français. J’abolis la chambre des députés. Messieurs les envoyés de la chambre des