Oeuvres diverses
— VI —
Tridon est, certes, un des rares prophètesquiontentrevules horizonsprochains et montré du doigt la terre promise.
À peine comptait-il vingt années, que déjà dans les journaux du quartier Latin, il se révelait comme un écrivain de grande race. En lisant ses œuvres de jeunesse, on sent devant soi un esprit nourri de la moëlle des forts. Les maïtres se nomment Régnier, d’Aubigné, Montaigne, Diderot, Michelet, Proudhon — le Proudhon de 48 — le puissant auteur de la Justice dans la Révolution et dans l'Eglise. De cette glorieuse lignée descend l’auteur du Molochisme juif.
Et qu'on ne voie point ici l'engouement de l'éditeur; lorsqu'un citoyen sait et veut tout voir, lorsqu'il juge le passé et le présent à la seule lumière des principes éternels de la Justice; enfin, lorsqu'il ose tout penser et tout dire, il plane bien vite audessus de la masse des rhéteurs et atteint les sommets de l’Idée, partant de l’Eloquence. L'œuvre de Tridon est tissue de rayons et de flammes. Par sa clairvoyance, par sa sincérité, il est le La Boétie du dix-neuvième siècle. La Force peut soutenir le parallèle avec le Contre un.
En 1864, il a vingt-trois ans. Il publie les Hébertistes,avecce sous-titre: Plaintecontre