Oeuvres littéraires : ouvrage orné d'un portrait

RÉFLEXIONS SUR LA DÉCLAMATION 171

Il n’y a point de sensibilité sans détail, de mémoire sans activité, de beau langage sans assurance, et même sans quelque audace, de grâce sans liberté,

Ce qu'il y avait d'étonnant dans Lekain, c'était l'accord parfait de ses mouvements, de son corps, de ses gestes, de toute sa personne, de son visage et de sa voix. « Quelquefois j’arrivais trop « tard, me disait M. Thomas, et je me trouvais « sous le théâtre. Alors ne voyant point Lekain, « mille choses me paraissaient dites d’une ma« nière fausse. Mais quand je parvenais à l’or« chestre, et que je voyais cet acteur, l’accord « admirable et complet de son être remettait au « ton dé la nature les accents mêmes qui parais« saïent le plus en sortir. »

Ceci me rappelle un trait du même genre. La

on est aîtentif; à peine avait-il dit sept à huit vers, que mademoiselle Durhesnil s'élance de son siège, en criant : « Ah! voilà mon bras gauche, mon maudit bras gauche! Il y « a dix ans que je travaille à en corriger la raideur, et je n'ai « pu encore y parvenir. Oh! monsieur, je vois bien que rien « ne vous échappe. Je vous promets de faire de nouveaux « efforts pour en venir à bout. Maïs aussi vous ne pouvez « me refuser de me donner vos conseils. Vous avez trop de « tact pour n'être pas un excellent maître de déclamation. » Nous tenons cette anecdote d'un ami de d'Alembert. (Nofe de Millin:)