Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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122 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE: D'ÉGLANTINE

l’appelle simple, parce que ses inventeurs, ses, protecteurs et ses agents ne tendaient alors qu'à s'enrichir par des virements de finance et par un jeu perpétuel sur les fonds publics ; je l'appelle simple, parce qu'il n’atteignait guère alors que les capitalistes et les rentiers, et que son résultat, quoique très criminel, ne tendait qu’à dépouiller ces rentiers d’une portion de leur propriété pour accroître énormément la fortune des agioteurs. L'agiotage aujourd'hui n'est plus cela; il s’est converti en conspiration contre la liberté, contre la République. Cette conspiration est terrible; elle est effrayante; si vous ne l’arrêtez, l'explosion en sera désastreuse. Je ne crains pas de vous le dire; nous sommes menacés d’un bouleversement affreux dans les finances ; nous sommes sur un précipice d'autant plus profond et dangereux qu'il est couvert, et que par la nature il se dérobe aux yeux; que vous dirai-je enfin, vous n'avez d'autre moyen de défense que la guerre, d’autre finance pour faire la guerre que l'assignat, c'est votre assignat que l’on attaque, que l’on diserédite, dans la seule inten- : tion de le discréditer. Jugez si les artisans de cette conjuration ont déjà bien réussi. Lorsque vous dépensez 24 millions, vous en déboursez aujourd’hui 130. Il est impossible, si cela continue, que vous entreteniez 11 armées encore longtemps, que vous subveniez à toutes les dépenses de la République. Prenez donc des mesures extraordinaires contre le génie infernal de Pitf, car c’est à lui que vous avez affaire dans la conspiration dont je vais vous dévoiler la théorie le plus clairement et le plus succinctement qu’il me sera possible.

Je prie ceux qui connaissent.la marche et la langue de l’agiotage de me permettre de m'énoncer comme si je