Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

130 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

Paris ont créé tout à coup une énorme quantité de lettres de change sur Londres, et voiei quel a été et quel est l'effet rapide et terrible de cette manœuvre. Tous les propriétaires d’assignats, qui ont voulu s’en débarrasser, n’osant acheter des marchandises, puisqu'on . leur à fait craindre de les voir pillées; n'osant acheter des louis d’or ou des écus, parce qu'ils craindraient de ne pouvoir les mettre en sûreté, de ne pouvoir les transporter, et que, d’ailleurs, par une manœuvre d’opposition, ceux qui veulent passer les lettres de change oni eu soin de faire disparaitre les louis et les écus, en les accaparant ou en les faisant monter; ces propriétaires d'assignats, dis-je, ont acheté de ces lettres de change sur Londres. Plus la frayeur a été grande sur les assignats, plus on s’est porté en foule pour\avoir de ces lettres de change ; plus la foule a êté grande, plus ce papier sur Londres est devenu cher, c'est-à-dire plus le change a baissé, plus il a fallu d’assignats pour valoir une guinée; et plus ce papier sur Londres est devenu cher, plus la confiance dans l’assignat a diminué, plus la peur à ‘augmenté : ainsi le mal a augmenté le mal. C'est à qui se ruinera pour n'être pas ruiné tout à fait; et tel capitaliste a donné peut-être hier 3 millions assignais pour s'assurer 200.000 éeus en espèces à Londres. Ce papier sur Londres est ordinairement à trois mois. Il ne faut pas croire que toutes ces lettres de change aillent tomber, à leur échéance, chez le banquier de Londres pour être payées. Les joueurs à la baisse du change ne prennent pas du papier sur Londres pour y réaliser leur fortune, mais pour gagner ici des assignas, dans lesquels ils ont grande confiance, tout en inspirant, aux autres qu'il ne faut pas en avoir. Ils font renouveler