Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

148 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

nous présente une somme de 6 millions; vous forcerez donc cette compagnie à restituer ces 6 millions à la République, et sans délai. Vous forcerez cette compagnie à se soumettre aux lois portées à son égard; vous la forcerez à mettre en vente, sans délai, toutes les marchandises énoncées dans la loi sur les accapareurs, et qu’elle tient invendues dans ses magasins de Lorient.

C’est ainsi que vous ôterez à l’action de la Compagnie des Indes sa valeur exagérée et positive, que vous ne lui laisserez qu’une valeur éventuelle et d'opinion; et qu’alors l’agioteur ne pourra plus loffrir au capitaliste en échange de ses assignats. C’est ainsi enfin que l’assignat, n'ayant plus en opposition des valeurs effectives d'un transport facile, reprendra sa valeur réelle que tous les citoyens sont intéressés à lui conserver.

Dans un autre rapport que je me propose de vous faire, nous examinerons s’il n’est pas bon, politique et juste de frapper également de nullité la caisse d’es-

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compte, dont l'institution vicieuse, impolitique et immo- ,

rale ne tend qu'à discréditer le petit marchand, et qu'à enrichir le faiseur d’affaires, et les deux compagnies d'assurance dont le but n'est autre qu'un misérable agiotage sur les fonds publics. Il est bien vrai que les actions de ces trois compagnies perdent maintenant dans l’agiotage, attendu qu'elles reposent sur la garantie nationale; mais comme elles fournissent toujours de l'aliment à l'esprit d’agio, il faudra, je pense, les anéantir, et faire disparaitre du sol français cette implantation de cupidité dont nous sommes redevables à Necker, et surtout à l'immoralité des Anglais’.

1, Moniteur, Réimpr., XVII, p. 398 et suiv.