Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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250 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

Il se vêtissait d’une manière négligée; son insouciance sur ce point annonçait une ignorance complète

des convenances de la mode et du goût, et l'on peut

dire même l’air de la malpropreté.

Marat, avant la Révolution, s'était déjà fait un nom parmi les savants; l’étude de la physique et des sciences spéculatives avait aiguisé son imagination, déjà très vive. À la pénétration naturelle qu’il avait, se joignait presque toujours cette perspicacité conjecturative, dont souvent quelqu’une de ses passions le portait à abuser : il avait fait une étude profonde et suivie des hommes; il pénétrait rapidement le profond motif de leuys actions, mais il était flatté de le deviner seul. Quand les autres le devinaient avec lui, il s’efforçait quelquefois de pénétrer un motif plus profond; alors son ‘illusion Végarait souvent, et d'autant plus qu'il exprimait parfaitement bien ses conjectures, et qu'il les expliquait dans la saine théorie du cœur humain.

- J'ai dit qu'il avait bien étudié, et connaissait Îes hommes; mais ses études raisonnées avaient été faites sur des sujets vicieux et corrompus. Des hypocrites de société, des charlatans, des philosophistes intoléranis, des empiriques, des savants immoraux, des littéraieurs rampants, des émules envieux et lâches, et en général des hommes attachés ou brûlant d'être attachés à la cour, aux grands et aux riches, c'est-à-dire des hommes pervers et perfides, voilà sur quels sujets il exerca, dans l'époque de son âge la plus vigoureuse, cet esprit : d'analyse et d'observation qui lui donna pour résultat ce mépris qu’il avait en général pour ce qu’on appelait, en ce siècle, les gens du monde, surtout pour Îles hommes éclairés de cette classe, quand ils n'étaient pas