Orateurs et tribuns 1789-1794

38 ORATEURS ET TRIBUNS.

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n'existe pas; mais, si tout cela existe, laissez-moi mes alarmes. »

S'il ne se refuse pas le plaisir de rappeler l’épigramme contre le due de Richelieu : « C’est l'homme de France qui connaît le mieux la Crimée », il n’hésite pas davantage à rapporter celle d’un député contre lui-même: « C'était le meilleur préfet de France; on en a fait le plus mauvais ministre. » Il avait en effet montré par sa conduite comment on peut servir avec honneur sa palrie sous un tyran; s'il fut le premier préfet de France, il n’en fut certes pas le plus mauvais ministre; s’il incarne la politique de la droite, s’il se pose en champion du principe d'autorité, et professe, avec Royer-Collard en 1815, que la nation a, pendant la Révolution, péri par les doctrines, et s’il s'étonne qu’on ait retiré des décombres de l’édifice ces mêmes doctrines pour les replacer religieusement dans les fondements mêmes du nouvel édifice, sa conception gouvernementale n’est ni étroite ni exclusive; il admet les tempéraments, la liberté de la presse, les concordats et ne croit pas que tout doive se résoudre avec l'épée.

Il répétait sans cesse au roi et au comte d’Artois : « On peut étouffer la faction sans arracher un cheveu d’un seul factieux. On le peut par une action de tous les jours, constante et invariable. Cette minorité, ennemie d'elle-même, il faut la surveiller sans relâche et la comprimer par de fortes lois. » Ce n’est là le langage ni d’un brise-raison, ni d'un rêveur de coups