Orateurs et tribuns 1789-1794

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diable le Veto‘! » ct inaugurée par leur défilé dans la salle de la Législative. Au 10 Août, les Girondins se divisent : tandis que leurs députés, Vergniaud?, Guadet,

1. Il est curieux, dans l’histoire de l’Arianisme, de voir les servantes et les portefaix de Constantinople se disputer sur la place publique à l'égard de la distinction du Père et du Fils. Une servante disait à la fontaine à une autre servante : « Est-ce que le fils peut être égal au Père? » De même on disputait à Paris, en province, sur le Velo : « Sais-tu ce que c’est, demandait un habitant de la campagne à son voisin. — Non. — Eh bien, tu as ton écuelle remplie de soupe, le roi te dit : répands ta soupe; il faut que tu la répandes. »

2. Vergniaud, le meilleur orateur de la Gironde, espèce de poète po'itique, insouciant, fataliste, sommeillant dans l'intervalle de ses discours, amoureux du plaisir, des femmes et de l’éloquence, plus propre à attendre la morl qu'à la porter dans les rangs ennemis, rêvant une république aimable, en opposition à la république puritaine des Saint-Just, des Billaud-Varennes. On a, disait-il naïvement, cherché à consommer Ja Révolution par la Terreur, j'aurais voulu la consommer par l'amour. Incapable, non seulement de conduire son parti, mais de servir sa propre politique, il refuse, le 15 avril 1793, de s'associer à ses amis qui proposent l'appel au peuple, moyen de salut assuré pour eux, et lance ce cri superbe autant qu'imprudent : « La convocation des assemblées primaires est une mesure désastreuse. Elle peut perdre la Convention, la République et la liberté; et s’il faut ou décréter cette convocation, ou nous livrer aux vengeances de nos ennemis; si vous êtes réduits à cette alternative, citoyens, n’hésilez pas entre quelques hommes et la chose publique. Jetez-nous dans le gouffre et sauvez la patrie! » Dans un autre discours, Vergniaud rapporte la réponse d’un patriote indigné contre un marchand qui se plaint qu'on ait dévasté son magasin, pendant une insurrection où la maréchaussée a tiré sur le peuple et fait des victimes : « Vous regreltez du soufre, des