Portalis : sa vie, et ses oeuvres
8 . PORTALIS
hautement leurs amis, les plaideurs affluèrent chez eux et les causes les plus importantes leur furent confiées.
Portalis surtout, infatigable, plein de science, clair et précis dans l’exposé des faits, pathétique et entrainant dans la discussion, devint, en peu d’années, l’oracle du barreau. Il le méritait par son caractère autant que par son talent. Nul n’a conçu de sa profession une plus haute idée. Le barreau est, à ses yeux, le premier degré de la magistrature, et l'avocat, véritable juge orateur, est responsable devant sa conscience de toutes les paroles qu’il prononce. Ses études ne sauraient être trop vastes, trop profondes. « IL répétait souvent » avec d’Aguesseau : Quels trésors de science, quelle » variété d’érudition, quelle sagacité de discernement, » quelle délicatesse de goût ne faudrait-l pas réunir » pour exceller dans le barreau ! Quiconque ose mettre » des bornes à la science de l'avocat, n’a jamaisconçu » une parfaite idée de la vaste étendue de cette pro» fession !. » |
C’est ainsi qu’il comprenait la mission de l’avocat, et, chose plus rare, c’est ainsi qu’il la remplissait. Les causes qu’il acceptait n'étaient pas, pour lui, des thèses indifférentes, qu'il suffit d'examiner à l’audience ; malgré sa merveilleuse facilité d'improvisation, il n’abordait jamais une question nouvelle sans l’étudier à fond et sans résumer par écrit son opinion. Les analyses de ses plaidoyers remplissent plus de quarante volumes manuscrits; elles fournissent, à chaque page, des
1. Notice sur S. Exec. J.-E. M. Portalis, Ministre des Cultes, ele | Paris, 25 octobre 1807, page 10.