Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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Il expose ensuite les motifs qui ont fait substituer le titre d’'Empereur à celui de Roi, et, arrivant à la désignation du souverain, il indique, en peu de mots, les titres de Napoléon au pouvoir suprême : Ki Quel autre que l’homme extraordinaire qui a sauvé la France pourrait être appelé à la gouver» ner? Quelle autre famille que la sienne pourrait » offrir les mêmes droits, les mêmes espérances et les » mêmes garanties? Nous apprenons par l’histoire que » la bienfaisance, la sagesse, le courage, le talent, le » génie, aidés de la fortune, ont été les premiers fon» dateurs des empires. Les peuples se seraient civilisés plus tard, ou, dans d’autres circonstances, ils eussent » été plus longtemps dévorés par l'anarchie, si la na» ture n’eût produit par intervalle, et à des époques » décisives, quelqu'’une de ces âmes élevées, nées pour » les grandes choses, marquées des caractères d’une » sorte de souveraineté naturelle, et capables d’influer » sur les destinées des nations !.

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sacrée à la mémoire de Portalis, le blâme assez sévèrement d’avoir ainsi parlé des Bourbons, presque au lendemain de la mort du due

d’Enghien et peu d'années après l'époque où, dans sa correspondance avec Mallet du Pan, il appelait de ses vœux une restauration constitutionnelle, La justification de Portalis est facile : lorsqu’ il écrivait à Mallet du Pan, la famille royale, victime de la Révolution el pure de crimes, était le dernier espoir de la France en proie aux rapines et aux violences du Directoire; en 1804, au contraire, les prétentions des Bourbons mettaient en péril le gouvernement le plus glorieux et le plus populaire; elles se manifestaient, de plus, par les complots et les assassinats qui provoquèrent la déplorable exécution du duc d’Enghien. Portalis ne pouvait se montrer indulgent pour le parti de Georges Cadoudal.

1. Recueil de pièces relatives à l'établissement de l'Empire, pages 102 et 103,