Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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intérêts légitimes, il fallait transformer le corps enseignant en une corporation placée sous la protection et le contrôle de l’État.

« On n’aura jamais, disait-il, de vrais instituteurs » publics tant qu’on n'aura pas une agrégation » d'hommes consacrés à cet objet intéressant... L'état » d’instituteur acquerra plus de consistance dans l’opi» nion; car cet état ne peut que perdre, quand il n'est » rempli que par des particuliers qui sont obligés de » tirer toute leur consistance d'eux-mêmes. C’est autre » chose quand les instituteurs lient leur existence et » que la gloire du corps se communique à chacun des » individus qui le composent ; ilest essentiel que des » instituteurs ne soient pas des hommes serviles, car » ils ont besoin de former et d'élever l'âme de leurs » élèves, et conséquemment d’avoir eux-mêmes le sentiment de leur propre dignité!. » Ces belles paroles renferment à la fois la raison politique et le programme moral de l’Université. Sans cesse préoccupé de la vie intellectuelle de la nation, Portalis étendait ses regards vers l’avenir, et il portait à l'éducation des jeunes générations cet intérêt patriotique qu’elle inspire à tous les hommes d’État dignes de ce nom. Dans son désir de satisfaire, le plus promptement possible, à ce besoin essentiel, il ne voulait pas

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1. Rapport confidentiel à l'Empereur sur une association ecclésiastique que le cardinal-archevêque de Lyon proposait d’autoriser dans son diocèse, et dont le but élait de se vouer à l’éducation

de la jeunesse et aux missions. 2 pluviôse an XII. (Portalis, Discours, rapports et travaux inédits sur le Concordat, pages 467 et 468.)