Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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partout le rétablissement et la propagation de l’ordre dessœurs de Saint-Vincent-de-Paul.

Ainsi, dans l'esprit de Portalis, la grande question de l'instruction publique, qui le préoccupait si vivement, était toujours liée à celle de la reconstitution des ordres religieux. La jeunesse était, à ses yeux, un des objets les plus dignes de la sollicitude sacerdotale, et il ne négligea aucune occasion d’assurer l'intervention des ecclésiastiques dans les écoles et les lycées, afin de placer, à côté de l’éducation intellectuelle qui orne l'esprit, l'éducation morale et religieuse qui fait l’homme et le citoyen. Il se gardait, il est vrai, de donner à la religion un caractère obligatoire : il voulait que rien n’en écartât l’enfant ni le jeune homme, mais que rien ne l'y contraignit, et que, pour l'élève confié à l'État, le premier usage de son libre arbitre fût la direction de sa conscience, sous l’influence de sa famille. Religion chez l’autorité chargée de distribuer l’instruction, liberté pour l’enfant en ce qui touche les croyances religieuses, liberté absolue pour les familles en matière d'éducation : tels furent les principes que Portalis fit prévaloir, dans les rapports des corps enseignants avec le clergé.

En 1804, au moment où l'État fondait des lycées dans les principales villes de l'Empire, Foureroy avait proposé à l'Empereur d’obliger les écoles secondaires particulières à envoyer leurs élèves aux cours des lycées ou des colléges communaux. Portalis, à qui le projet fut communiqué, n’hésita pas à le combattre. On invoquait, à l'appui de la proposition de Fourcroy, la