Portalis : sa vie, et ses oeuvres

SES DERNIÈRES ANNÉES 335 tribune politique ; enfin, qu’en n’insistant pas sur les bienfaits du régime impérial, il faisait preuve de tact et plaçait son enseignement au-dessus du reproche de servilité, en même temps que la personne de l’Empereur au-dessus du soupçon d’avoir inspiré son propre éloge. Il ajoutait que la parole sacrée perd toute puissance, dès qu'elle paraît obéir au mot d'ordre de l’autorité temporelle, et que si, dans des cas d’extrême danger, il est permis d’en prévenir les écarts, il faut, d'ordinaire, en respecter scrupuleusement l’indépendance. A ce point de vue, l'incident semblait trop grave à Portalis pour qu’il se contentât de réclamer auprès du Ministre de la Police. Il saisit de ses plaintes l’Archichancelier Cambacérès, il porta même l'affaire jusqu’à l'Empereur. Des frontières de Pologne, au plus fort d’une guerre acharnée, Napoléon, toujours attentif aux moindres bruits de l’intérieur, avait demandé une note sur l’illustre prédicateur dont la parole avait un si grand retentissement parmi la société parisienne. En répondant aux questions de l'Empereur, Portalis disait :

« …… Labbé Frayssinous n’est point déclamateur, il a le style d’une conversation noble et élevée, son objet est de faire aimer et respecter la religion, en établissant qu’elle est l’amie de l’ordre social, et » qu’elle se concilie avec les plus grandes lumières. Le genre de M. l'abbé Frayssinous ne ressemble à aucun de ceux de nos prédicateurs ordinaires; ses discours ne sont pas des sermons ; il présente des déve» loppements oratoires qui tiennent le milieu entre une

ÿ

»

ÿ

ÿ

>

ÿŸ