Portalis : sa vie, et ses oeuvres

SES DERNIÈRES ANNÉES 341

aux devoirs des sujets envers les souverains. Enfin, lorsqu’au mois d’août 1806, le catéchisme fut inséré au Moniteur et officiellement mis en vigueur, pas une voix ne réclama ; la cour de Rome elle-même le ratifia par son silence, et plusieurs prélats le recommandèrent aux fidèles dans les termes Les plus élogieux.

La doctrine rigoureuse que le catéchisme exposait, sur la question des devoirs des sujets envers leurs souverains, n’était, en effet, nouvelle que dans la forme. Les paroles de saint Paul : Qui potestati resistit, Deo resistit, ne laissent place à aucun doute : elles donnent au devoir de la soumission à l’autorité temporelle le caractère le plus absolu. Déclarer, comme l’a fait le catéchisme de 1806, que l’on doit au souverain service militaire, impôts, respect, obéissance, fidélité, amour et prières, qu’en l’honorant et en le servant, on honore et on sert Dieu lui-même, qu’en lui résistant, on encourt la damnation éternelle, c’est simplement déduire les conséquences logiques du mot de saint Paul et reproduire la doctrine constante de l'Église, irréconciliable ennemie de toute violence et de toute révolte‘. Ce qu’il y avait d’insolite dans la leçon du quatrième commandement, c’était la désignation directe de Napoléon Ir. Le précepte de l’Église sur la soumission est universel et immuable comme le dogme; il ne fait pas acception de personnes, il dérive de la morale, non de

1. Nous avons sous les yeux la copie du projet de lecon sur le quatrième commandement, faite au Ministère des Cultes, d’après l’ordre de Portalis, et couverte en marge de cilalions des livres saints qui justifient chaque proposition.