Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

CONSTITUANTE. 23

bienfaits, après celui de sa retraite, fut de conseiller au roi de rappeler M. Necker. | re

M, de Lamoignon offrit aussi sa démission. La cour aurait voulu le retenir, mais elle n’aurait jamais eu de Paix avec le parlement, Il renvoya donc les sceaux, et il montra la plus grande fermeté dans sa retraite, à laquelle il s'était toujours attendu , chéri d’une famille qu’il chérissait, et de ses amis ; qu'il conserva malgré sa disgrace,

Au milieu de ce désordre du pouvoir et de l'ignorance d’une administration inhabile, la France, épouvantée de l’abîme ouvert sous ses pas, ne savait plus où déposer ses espérances. La cour s'était conduite comme font les gens en colère quand ils ont tort; elle avait frappé tout ce qui s’opposait à ses volontés. La magistrature entière avait été outragée, les députés de Bretagne mis aux fers; et le peuple de Paris, qui avait exprimé la joiepublique en brûlant les efligies des deux ministres, avait été livré aux soldats et foulé aux pieds des chevaux. Un gouvernement déprédateur , devenu tyrannique et enfin atroce, teignait de sang les rues de la capitale , et faisait trembler les provinces.

Ces excès de l'ignorance irritée apprenaient au peuple que l’on se venge par du sang, et lui donnaient deterribles leçons. La France était dans une émotion générale, ettout présageait une insurrection prochaine. On demandait ces états-généraux tant promis, dernière ressource d’une nation opprimée, À l'extrémité du royaume, une province, devenue célèbre, revendiquait hautement ses droits etceux dela nation, Elle montrait, par un appareil réfléchi de résistance, qu'’ilarriveenfinun moment où le peuple, outragé et mébprisé, se lasse de souffrir. Déjà les troupes et les citoyens en présence annoncaient à Grenoble une scène sanglante, lorsqu'on apprit le départ des ministres et le rappelde M. Necker. À l’instantles armes tombent des mains des citoyens , ils se jettent entre les bras des soldats, et, dans desembrassemensréciproques, ilsselivrentauxtransports de la joie et aux douceurs de l'espérance.

Tousles vœux dela nation se tournaïientalorsversM. Necker, Comme on attend les rayons du soleil après un long et désastreux orage. Lui seul pouvait éclairer enfin les ténèbres de l'administration, ranimer la confiance intérieure ,“pourvoir-à des dépenses instantes pour lesquelles il n'y avait point de fonds , et rétablir notre crédit chez les étrangers qui lestimaient. La cour elle-même en était si convaincue, que l'archevêque de Sens , la reine et M. le comte d'Artois, conseillèrent au roi de rappeler M. Necker, Il ne trouva que cinq cents mille livres au trésor royal : il pourvut sur-le-charmp à Plusieurs millions de dépenses urgentes , et chercha des res

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