Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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générale, l'un des adversaires les plus implacables du paru qui venait de succomber, maïs qui cependant ne s'était jamais montré l'ennemi personnel de Rabaut. A l'aspect de cet homme, elle veut fuir, mais il s'avance vers elle, l'aborde, lui témoigne de l'intérêt, et l'assure qu'il se trouverait heureux de protéger la retraite et les jours de son collégue. La prudence interdit à Mme Rabaut de répondre ; elle remercie Amar de ses offres de service, et s'empresse de rendre compte à son mari de la rencontre qu'elle vient de faire. Fatigué de sa situation ; tremblant sur les périls auxquels il expose tout ce qui lui est cher; aveugle et imprudent comme le sont presque toujours les malheureux; saisissant, sans examen , le premier moyen de salut qui se présente à lui: ne pouvant soupconner dans un autre, le crime dont il est incapable lui-même, il autorise sa femme à révéler son asile, et à indiquer à Amar l'heure de la nuit où il pourra s’y rendre. Amar s'y rend en effet, mais à la tête des agens du comité d'assassins dont il est membre; il fait traîner à ce comité, de-là à l'échafaud, l'infortuné qui lui tendait les bras; et le monstre s’applaudit de sa ruse infernale. Les genéreux amis de Rabaut, qui s'étaient opposés à la résolution qui venait de le conduire à la mort, ne lui survécurent que de peu de jours; leur sublime dévouement méritait cette gloire. Mme Rabaut fut seule épargnée; mais ne pouvant se pardonner d'être la cause, bien innocente sans doute du supplice d'un époux qu'elle chérissait, elle se donna elle-même la mort qui lui était refusée, en se précipitant dans un puits. Elle ‘était simple, modeste, belle et vertueuse : elle avait de l’esprit etdes talens ; on vient de voir si elle manquait de caractère, Unie sur la terre à l'un des hommes dont le cou= rage, les talens et les vertus ont immortalisé la carrière politique, elle avait annoncé qu'elle lui demeurerait unie dans le tombeau. Pour nous qui fûmes les contemporains etles témoins de leurs malheurs » Nous ne doutons pas que partout où des autels seront élevés à la liberté et à la vertu; Partout où la vérité aura imposé silence aux factions ; partout enfin où la réputation des hommes ne dépendra que de leurs actions, et non pas du triomphe passager de telle opinion politique, les noms de ces nobles victimes des discordes civiles, ne soient inséparablement liés dans le