Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
100 : CONVENTION
gner son jeune ami Ducos à l’échafaud. Fouquier-Thinville , un monstre dont trop souvent j'aurai à répéter le nom, avait ordonné que le cadavre de Valazé fat placé à côté d’eux.
Ainsi moururent, presque tous dans la fleur ou dns la force de l’âge, Brissot, Vergniaud, Gensonné, Lasource ,fFonfrède, Sillery, Ducos, Carra, Duperret, Gardien, Duprat, Fauchet, Beauvais, Duchâtel, Mainvieille, Lacaze ; Lehardi, Boileau, Antiboul et Vigée.
Gorsas avait péri avant eux. Mis hors ia loi, on lui avait demandé son nom, et on l'avait condamné.
Je vaissuivre encore la destinée de quelques autres hommes de ce parti.
Un jeune homme, Girey-Dupré, illustra sa mort par l’enthousiasme de l'amitié. Le tribunal révolutionnaire lui demanda s’il était l’ami de Brissot. — J'étais son ami. — Et que pensez-vous de lui?—I]l a vécu comme Aristide, et il est mort comme Sydney. Sans confirmer ce jugement, l’histoire ne peut qu'admirer l'ami intrépide qui s’exprima ainsi dans de telles circonstances.
L'un des plus vertueux de ces proscrits, l’un des hommes les plus éclairés de ce temps, Rabaut-Saint-Etienne , fatigué d’errer de tous côtés, étaitrentré dans Paris même, et y vivait caché chez un ami. Animée du plus tendre amour ; Sa femme veillait sur ses dangers. Elle sortait quelquefois. Elle rencontra un jour un des collégues de son mari, qui avait le plus concouru à la proscription des girondins. Il avait beaucoup connu Rabaut * malgré la division des partis, il ne lui avait jamais montré d’inimitié personnelle, Mme Rabaut, épouvantée à l’aspect de cet homme, veut le fuir. Il l’aborde avec les traits et le langage de l'intérêt et de la douleur. Il veut , dit-il, protéger Rabaut dans sa retraite; il lui donnerait un asile jusque dans sa maison, Cet entretien est rapporté à Rabaut. Il s’ouvre à l'espoir. Son cœur lui interdit la défiance. Pourquoi ne se découvrirait-il pas à ce collégue compatissant ? Il mettrait à l'abri de tout danger l’honnête famille qui lui donne l’hospitalité. TI fait connaître sa demeure au montagnard. Une heure de la nuit est indiquée pour le recevoir. À cette même heure la porte est ouverte avec fracas. C’est lui : ce monstre de perfidie est accompagné de gardes. Il vient arrêter le malheureux qui lui tendait les bras, et son frère Rabaut-Pommier : l’un des soixante-treize signataires. Rabaut était hors La foi. 1 ne fit que passer du tribunal à l’échafaud. Son hôte, son hôtesse furent immolés après lui. Sa femme avait été seule épargnée par le traître; dans son désespoir, elle se donna la mort. Elle était simple et modeste ; elle était belle; son esprit était éclairé; elle était vertueuse.…..Telle fut sa destinée!