Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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France toute militaire. Chacun , dans un premier enthousiasme, avait voulu porter les armes et l'habit du soldat. Le comité de salut public avertit que l'engagement contracté par la vanité était sérieux. Un décret fut rendu , qui faisait partir pour les frontières un million de jeunes Francais. C'’étaient ceux de la première réquisition, depuis dix-huit ans jusqu'à vingt-cinq. Ce décret causa des murmures, et pas un seul mouvement.
Qui le croirait? l’horrible loi des suspects facilita l'erécution de ce grand mouvement. Le jeune homme qui avait lui-même rempli dans la maison paternelle les devoirs de la piété filiale partit, entrainé par ce sentiment: Je sauverai mon père, disait-il. Il combattait, il mourait; et souvent son père mourait aussi, mais sur l’échafaud. Le jeune homme qui déjà avait médité sur les maux de sa patrie, et qu’une impuissante indignation dévorait, ne pouvait avec trop d’empressement quitter l’intérieur de sa patrie devenu un champ de carnage, pour la frontière, champ d'honneur. Celui qui ne comprenait pas encore combien cette tyrannie était et serait atroce, obéissait à la loi de la nécessité, en s’animant d’un enthousiasme patriotique; d’ailleurs on leur faisait de trompeuses promesses , le retour devait être prompt, la victoire facile. On avait permis aux nouveaux soldats de choisir parmi eux leurs chefs. Ainsi l'ambition des uns contenait la résistance ou faisait honte à la faiblesse des autres. Arrivés à l’armée , on les dépouilla des grades dont on les avait laissé jouir. On leur apprit que c'était à leur bravoure seule à les conquérir. Les bataillons de réquisition entrèrent tous dans des corps anciens.
Ce fut encore le comité de salut public qui se chargea de pourvoir aux besoins de cette multitude d'hommes armés. Cet objet ne fut que bien imparfaitement rempli. Les privations du soldat français lui firent une loi de la sobriété, de la pa= tience, de la discipline; quand elles l’avaient irrité, l'ennemi seul en ressentait les terribles effets. Ces souffrances journalières , cette lutte perpétuelle avec la faim et les rigueurs du temps éteignirent dans le soldat l'ardeur de discussion qu'il avait montrée, d'abord, et détournèrent son attention de l’état déplorable où se trouvait alors la patrie. Cependant le
uvernement révolutionnaire usait de tous les moyens pour ärimenter les armées. Trois. fléaux étaient à ses ordres : Les réquisitions, le maximum et l'instrument de mort par qui s’exécutaient toutes les violences faites à la propriété. Il n’y eût plus une des superfluités du riche qui ne fût extorquée au nom du soldat qui manquait toujours du nécessaire. Les campagnes furent ravagées par des exactions qui enlevaient à l’a-
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