Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. :

LIVRE QUATRIÈME.

Ds la division que je me suis proposé de suivre des diffé rentes époques de l’histoire de la convention, nulle ne m’a inspiré plus d’épouvante que celle où nous allons entrer, et qui commence à la chute de Danton pour finir à celle de Robespierre. Sic’est un devoir impérieux pour l'historien de tout raconter , de tout décrire, l'historien de ces jours affreux ne se trouvera jamais parmi ceux qui en ont été contemporains. On ne peut se proposer qu’un seul but dans de tels tableaux, inspirer un long effroi de la tumultueuse ivresse qui commence les révolutions, et de la pusillanimité qui les abandonne aux hommes affreux qu’elles ont fait naître. C’est s'éloigner de ce but, que de vouloir l’atteindre en peignant les crimes et les malheurs dans leurs détails les plus révoltans. Que le tableau soit rigoureusement fidèle , tous ceux à la méditation desquels il est proposé détourneront les yeux, ils n'auront frémi qu'un instant, et le tableau leur fera plus d'horreur que les monstres qu’il représente. Quelle méthode, quel système inventera-t-on pour classer tant de crimes, pour atteindre tant de coupables? Un récit froidement exact de ces longs assassinats ne peindra à l'imagination que les coups répétés de lPinstrument de mort. Le calme de l'historien semblera tenir de l'in sensibilité des bourreaux. Mais son indignation, faut-il qu'il la laisse éclater sans réserve ? faut-il qu’il en calcule les forces de manière qu’elle ne soit pas tout-à-fait épuisée lorsqu'il Jui restera de plus grandes horreurs à décrire ? Celui qui aura une telle puissance d’esprit, je le répète, n’aura pas été témoin de ce règne de la mort. Il pourra tout ordonner suivant les récits épars que nous lui transmettons; il ne le pourrait pas, s'ilavait nos sensations, nos souvenirs, notre deuil. J'ai déjà nommé bien des victimes qui me furent chères; dans celles qui viennent s'offrir à moi combien n’en trouverai-je pas que je regardais comme les guides, comme les compagnons de ma vie! Et ceux qui me lisent n’attendent-ils pas avec terreur le moment où je prononcerai les noms du père, de l'épouse, du fils, de l'ami qu’ils ont perdus, le moment du moins où je rendrai ce coup fatal encore plus présent à leur pensée ? Je continue ces récits avec un effroi que je ne puis maîtriser, et dont le témoignage m'est échappé ici involontairement.

Jusqu’à ce moment, la tyrannie du comité de salut publie